Ses talons claquaient sur le sol et elle avançaient, la tête haute, une longue cape traînait au sol, la suivant de sa couleur pourpre. Tous s'écartaient à son passage, animaux, valets de cœur, chacun faisaient la révérences, se baissant le plus bas possible, leur nez ou museau prêt à effleurer les dalles noires et blanches de la salle du palais. Elle s'assit enfin sur le trône, son épaisse tête coller contre le velours rouge.
« -Qu'on lui coupe la tête !!!!! »
La sentence était tombée, implacable. C'était toujours les mêmes mots qu'elle disait, ces quelques lettres qui menaient à la décapitation la moindre personne qui avait pu lui faire offense. Les têtes tombaient, une par une et sa folie ne faisait que grandir. La peur rongeait chaque jour d'avantage chaque habitant du palais. Le moindre mot, le moindre faux pas, pouvait faire tomber la sentence. Tyrannique, despotique et sadique, elle se plaisait à malmener ses sujets, les forçant à porter son poids, son trône, les punissant pour un simple bout de tarte volée.
« -Qu'on lui coupe la tête !!!! »
Elle recommençait sans trop savoir pourquoi, sans trop savoir pour qui, la phrase tombait, comme elle dirait simplement d'aller se faire voir, étêté le moindre opposant règle bien des problèmes.
« -Qu'on lui coupe la tête !!!! »

Lisbet se réveilla, en sueur, les quelques souvenirs d'une vie passé dont elle ne connaissait pas l'existence s'attardant dans son esprit. Elle avait perdu en folie, elle avait perdu en sadisme, ou du moins peut être n'avait-elle simplement pas le pouvoir de l'exécuter de la même manière.

La sonnerie stridente du réveil retentit dans la pièce, tirait Lisbet d'un sommeil agité. La brune jeta sa main sur l'objet aux stridulations et s'assit dans son lit, de la sueur glissant encore dans son dos. De vieux souvenirs s'étaient encore rappelés à elle au cours de la nuit, des sombres secrets qu'elle seule pouvait connaître.
Quelques rayons de soleil transperçaient les volet et passaient à travers les rideaux de voilage rouge, diffusant une fine lueur pourpre dans la chambre. Lisbet se leva, ne prêtant guère attention aux quelques pépiements d'oiseaux qui venaient pourtant enjoliver la matinée. Elle était d'une humeur massacrante, les chimères qui la hantaient encore assombrissait ses pensées et ses émotions. En à peine quelques minutes elle s'étaient habillée, serrant son corps svelte dans un tailleur entièrement noir. Elle avait tiré ses cheveux, dévoilant les traits sévères de son visage et ses yeux d'un bleu glacial.

Clac, clac, clac. Le bruit des talons de la directrice résonnait dans le couloir de l'hôpital, sa démarche était presque militaire, le rythme était parfait. Lisbet vit quelques employés passer rapidement sous ses yeux, se lançant de leurs tâches régulières avec plus d'acharnement. Lisbet menait l'hôpital d'une main de fer et les rendements s'en ressentait, les malades ressortaient bien souvent en meilleur forme physique, mais les quelques expériences qu'elle aimait à tenter sur eux ne les laissaient pas toujours dans une santé morale irréprochable. La femme au regard d'eau et de glace traversa les sections dédiés aux mourants, puis l'espace d'oncologie pour rejoindre son aile préféré de l'hôpital, l'aile des malades mentaux, ces personnes plus ou moins folles qui se jettent contre les parois en mousse des portes en hurlant des choses incompréhensibles. Certains étaient drogués, d'autre atteints de schizophrénie et les profondeurs de l'esprit humain, la psychanalyse passionnait le docteur Nielsen.

Lisbet pénétra dans un long corridor blanc, éclairée que par quelques lumières artificielles, des néons blancs absolument éblouissant qui pouvait faire paraître le soleil pour une simple bougie. Les portes des chambres étaient alignés, un numéro en métal s'affichant sur chacune d'elle. La directrice avançait sans prêter la moindre attention aux numéros, elle savait où elle allait. C'était la dernière chambre, celle tout au bout du couloir. Elle avançait, quelques patients criaient à travers leur porte en entendant le son de la démarche régulière de leur docteur parfois tortionnaire. Elle en avait cure, une seule chose comptait, lui, ce patient là, un homme qui hantait encore ses rêves.
La porte portant le numéro cinquante-huit apparue enfin devant elle.Elle avança, tandis la main, prête à tourner la poignée, mais elle n'osait plus. Une peur mélangée à une profonde tristesse s'empara entièrement d'elle, les quelques images, fragments de ses rêves qui s'attardaient dans son esprit la faisait douter. Voulait-elle vraiment tourner cette poignée, faire face à nouveau à cet homme, qu'elle avait peut être aimé. Elle ne le savait plus, les émotions qui se bousculaient en elle étaient de plus en plus confuse : tristesse, regret, peur et doute. Lisbet décida alors de les balayer, des les balayer derrière une émotion qu'elle connaissait, qu'elle maîtrisait : la colère. Elle ferma les yeux et se laissa envahir par une ire sourde, nimbée de violence. Elle regarda la porte une dernière fois, la rage dans le cœur et s'en retourna le pas plus rapide qu'auparavant. Elle ouvrit finalement une porte au hasard et sans cria gare hurla : «  VOUS !! AVEC MOI TOUT DE SUITE ! »
La femme qui lui faisait face ouvrit de grands yeux, écarquillés par la terreur. Lisbet avait inscrit son nom quelques jours plus tôt pour une séance d'électrochocs. La patiente était régulièrement atteint d'excès de folie et de violence et tentait d'agresser patients et médecins. Lisbet allait l'emmener dans une salle grise, sans fenêtre pour tente de la soigner. Une salle dont peu connaissait l'existence.