nerds do well.

because nerds like us are allowed to be unironically enthusiastic about stuff… Nerds are allowed to love stuff, like jump-up-and-down-in-the-chair-can’t-control-yourself love it. Hank, when people call people nerds, mostly what they’re saying is ‘you like stuff.’ Which is just not a good insult at all. Like, ‘you are too enthusiastic about the miracle of human consciousness’.

« Je t'assure que ce sera génial. Super. Tu vois le truc le plus génial que t'aies jamais vu mec ? Bah ce sera ça en mieux. Tu joues aux échecs ? » Voilà Mads en train de pigeonner. C'est magnifique, il arbore le plus joli sourire qu'il a en réserve, il tapote l'épaule de son pigeon avec bonhomie, il a l'air tout à fait normal, sain d'esprit et complice. Gentil, presque. Il n'écoute pas la réponse du pigeon et lui fait signe d'entrer dans sa voiture avec un air compréhensif, hochant la tête comme s'il l'écoutait – ses pensées sont en fait en train de s'évader ailleurs, certainement vers la scène d'Harry Potter avec l'échiquier géant. Il s'installe au volant et adresse un sourire à Asger d'un air rassurant. « Sérieux mec, tu vas voir, tu vas trop aimer. Et puis, protecteurs rpz non ? Haha mec tu vas voir ça va être génial. Génial. Et une super occasion pour faire connaissance, non ? » Asger Raske était une énigme pour les Protecteurs. Il ne croyait pas aux contes. Non, sérieux. Il n'y croyait pas du tout et pourtant, son nom figurait dans l'Eventyr. Mads pensait qu'en se rapprochant de lui et en lui faisant avaler la pilule avec gentillesse et tout, tout se passerait bien. C'était le plan. Et puis Asger était du genre sympa, non ? Il y avait pas assez de mecs chez les Protecteurs, donc il fallait bien qu'ils soient solidaires.

Mads plissa des yeux en démarrant la voiture puis mit pied sur le plancher en fonçant dans les rues d'Odense. Le tout en riant à gorge déployée, content qu'il était de rouler à cette vitesse, bien au-dessus de la restriction en vigueur. Il avait ouvert sa fenêtre et allait à toute blinde, tout sourire, sifflotant la chanson qui passait à la radio en jetant de temps à autres des regards amusés vers le blond. Il avait réussi à le crocheter il y avait de cela deux jours et depuis, il lui collait quasiment au train. Il avait été ravi d'apprendre que le blond était un comptable et qu'il kiffait les chiffres parce que ça ne voulait dire qu'une seule chose : le mec était un intelligent, un geek, un nerd, un intello, tout ce que vous vouliez quoi. Mais c'était un bon. « Je vais te présenter un mec génial, Asger, et ça va être génial. Je peux t'appeler Asger, pas vrai ? Ou tu préfères Raske ? » Somme toute, Mads avait réussi à lui faire boire un café en sa compagnie, l'avait convaincu d'aller jouer au flipper avec lui pendant deux bonnes heures avant de lui proposer cette mystérieuse entrevue. Et il avait fait la terrible erreur d'accepter. Franchement. Ne faites jamais ça. Aller en voiture quelque part avec Mads, c'est faire chuter ses chances de survie à... un. Il tournait à droite, à gauche, et jeta un coup d'oeil à son comparse avec un air sérieux cette fois. « T'es calé ufologie, Asger ? » mais celui-ci n'eut pas le loisir de répondre que déjà, le brun pilait pour s'arrêtait net devant l'usine désaffectée que lui et Kaj affectionnaient tant. Kaf était vraiment un type génial, Mads l'adorait trop.

Il bondit comme un beau diable de la voiture après avoir récupéré ses clefs et montra l'usine délabrée à l'autre protecteur. « Tu vois ça ? C'est un endroit génial. Vraiment génial. » Le Mads en train de pigeonner n'arrête pas de répéter le mot génial, c'est scientifiquement prouvé. « Et c'est le seul endroit sûr dans cette ville où on ne pourra pas nous écouter. » rajoute-t-il dans un murmure, sur le ton de la confidence. Il s'avance vers l'usine d'un pas sûr, jetant des coups d'oeil méfiants autour de lui. « Tu viens ou quoi ? » finit-il par dire une fois arrivé à la porte, qu'il pousse. Elle s'ouvre dans un grincement d'outre-tombe. Sans attendre, le brun s'engage dans l'usine à grands pas joyeux. « Kaaaaaaaaaaaaaaaj ? » hurle-t-il mais non, il n'y a personne. Juste... juste un fauteuil dans un coin, avec une table basse sur laquelle est posée plusieurs numéros de Skeptical Inquirer, un jeu d'échec vieux comme le monde, un cendrier plein à ras-bord et de quoi faire du thé, avec des plaques chauffantes éparses et un générateur d'électricité et tout. Mads pivote sur ses talons pour faire face à Asger. « C'est pas trop génial ? » dit-il d'un ton entraînant, espérant sincèrement que ça l'est. C'était un peu son repère secret, avec Kaj et tout. Et il était plutôt anxieux de la réponse d'Asger parce que Asger était un bon (et un geek, un intello, un intelligent et un nerd et tout ce que vous voulez). Fallait qu'ils se serrent les coudes. « Kaj est un boss aux échecs. Tu fumes mec ? Tire pas cette tronche, je suis sûr que ça va t'amuser. Tu penses quoi des aliens tout ça ? » Autant rentrer dans le vif du sujet.

Spoiler:

Le week-end rendait le petit Asger bien solitaire. Il n’avait pas de copine, il n’avait pas beaucoup d’amis. Parfois, un verre de whisky et un bon jeu de playstation lui suffisait -et il n’avait pas vraiment le choix alors il acceptait. Tuer des zombies, c’était son plaisir et il n’avait besoin de personne pour le faire. D’ailleurs, il n’avait aucune honte à le dire -bien qu’il serait gêné si Esben connaissait son vrai visage. Seulement, ce week-end n’avait pas l’air d’être en accord avec les envies de notre jeune geek. Non, cette fois-ci, il avait rendez-vous avec un autre de ses confrères protecteurs. D’ailleurs, celui-ci était dans la même brigade que sa chère collègue -la brigade des loosers. Le jeune blond avait à peine fini son café qu’il entendait des bruits de klaxonne dans la rue, il remarqua la voiture déglinguée de Mads. Il descendit en trombe, et vit son ami qui l’attendait à l’extérieur de sa voiture. -Je t’assure que ce sera génial. Super. Tu vois le plus génial que t’aies jamais vu mec? Bah ce sera ça en mieux. Tu joues aux échecs? L’enjouement de son ami ne le rendait qu’un peu plus sur-excité. Ce ne serait pas plus mal d’avoir quelques potes ‘en vrai’. Parler, voir une tête humaine et non pas des pixels collés qui laissent apparaître une douce illusion. Et puis, Mads avait l’air aussi dingue que lui, tout ça le rassurait. Asger avait aussi dans l’idée d’en savoir plus, sur cet homme qui croit aux contes de fées. Quel grand fou. Il rentra dans la voiture, et son ami continua son monologue exaltant. -Sérieux mec, tu vas voir, tu vas trop aimer. Et puis protecteurs rpz non? Haha mec tu vas voir ça va être génial. Génial. Et une super occasion pour faire connaissance, non ? Asger se contentait de sourire et de s’allumer une clope. Il était d’accord, et cet échappement de sa vie quotidienne lui allait à ravir. Le brun alluma la radio, et parcouru la ville d’une manière incroyablement dangereuse. Est-ce que ses super pouvoirs de protecteurs lui permettaient aucun accident? Asger n’en était pas si sûr et tirait nerveusement sur sa cigarette pour oublier le danger qui était bien réel cette fois. -Je ne savais pas que t’étais conducteur de circuit haut niveau, dis donc. Un petit rire commun s’échappa des belles bouches de nos protecteurs. Pourtant, ça ne le calmait en rien dans la rapidité de sa conduite. Le blond cherchait quelque chose sur quoi s’agripper. -Je vais te présenter un mec génial, Asger, et ça va être génial. Je peux t’appeler Asger, pas vrai ? Ou tu préfères Raske? Un mec génial? Aussi fou que le brun qui conduit? Asger ne sait pas quoi faire de cet avis. Mais il était toujours prêt à faire le fou, après tout il n’avait rien à perdre. -Asger, c’est parfait. Raske c’est mon père, alors autant éviter. Paix à son âme, il n'est pas encore mort. Asger ne parlait jamais de ses parents, pour la simple raison qu’il n’avait jamais eu une seule vraie relation, ou même discussion avec eux. Le blondinet examinait la route avec un regard anxieux. Il jeta sa cigarette par dessus la fenêtre.

-T’es café ufologie, Asger? Le jeune blond observait son ami d’un regard perplexe. Késako? C’était quoi ce mot. Il se gratta le menton, avant de répondre un léger -Oui carrément! Il n’avait aucune idée dans quoi il s’était lancé: il ne connaissait pas la définition du mot. Ils étaient devant une vieille usine. Elle était belle, très belle. Asger avait un petit faible pour tous les vieux bâtiments du début du XXème siècle: c’était la plus belle architecture selon lui. Mais les gens ne l’écoutaient jamais. Mads sortit de la voiture, suivit de son ami. -Tu vois ça? C’est un endroit génial. Vraiment génial. Asger ne pouvait qu’être d’accord avec son ami sur ce point-là. Il était déjà entrain de tomber amoureux de ce bâtiment. -Et c’est le seul endroit sûr dans cette ville où on ne pourra pas nous écouter. Ce petit ton qui amenait la confidence plaisait énormément à notre ami. Il était en orgasme rien qu’à voir les vieilles briques, le vieux toit, les vieilles inscriptions. Il n’avait aucune envie de partir. -Tu viens ou quoi? Asger n’avait pas vu son ami s’avancer vers la porte, il trottina à sa poursuite, l’intérieur ne pouvait s’annoncer que magistral. Son ami criait un nom inconnu, pendant qu’il accumulait toutes les bonnes ondes de ce lieu. -C’est pas trop génial? Asger affichait le sourire d’un gamin qui a attendu son jouet de Noël depuis des mois. Il touchait à tout, captant chaque recoin, chaque onde qu’il pouvait récupérer de cet endroit. -Kaj est un boss aux échecs. Tu fumes mec? Tire pas cette tronche, je suis sûr que ça va t’amuser. Tu penses quoi des aliens tout ça? Échecs? Le jeune homme croyait rêvé. C’est son jeu préféré. Il devenait encore plus excité. Il n’avait plus envie d’attendre maintenant. Il voulait commencer son jeu, et le commencer maintenant. Quant aux aliens, il ne fallait mieux pas le lancer dans le sujet. -Tu parles de quel genre d’aliens? Ceux de notre galaxie, ou ceux d’autres galaxies? Il devenait flippant, optant pour son air sérieux. -Non parce que, il y en a forcément des aliens. Enfin, ce serait con de notre part de penser qu’on soit les seuls à vivre. C’est impensable, c’est faux. Donc voilà. Mais après, il faut les référencer ces connards. Y’en a trop. Ils sont plus nombreux que les chinois. Des milliards de fois plus nombreux. Peut-être avait-il abusé du mot connard, m’enfin ils étaient entre gars il n’y avait pas d’âme fragile -du moins, il l’espérait. Puis, il revient sur le début de la phrase de Mads -parce que les mots échecs et aliens l’avaient envoyé dans un autre monde. -Quant à la fumette, tu parlais cigarettes, cigares ou de beuh? Parce que j’ai de tout dans ma poche. En disant ces mots, il arborait son plus beau sourire en lançant ses réserves sur la table basse la plus proche de lui.

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