« Rikke.. ? » - Allongé dans mon lit, je pensais. A tout un tas de choses, des choses sans importance, quand soudain mes pensées s'arrêtèrent net sur lui. Mon père. Ça m'arrivait de temps en temps, parfois il me manquait, parfois je le détestais, parfois les deux en même temps. Aujourd'hui était définitivement un jour où je le détestais. Mes paupières closes, je voyais son visage, bouffi, sale, arrogant. Je voulais m'enfuir, le voir me rendait malade. Je te déteste, enfoiré, sors de ma tête. Ses lèvres pestilentielles, ses joues crasseuses, son regard ignoble me disaient que je ne valais rien, que j'étais loin d'être le fils qu'il avait toujours désiré, que j'étais un trop gros fardeau, inutile, dont il n'attendait qu'une chose c'était de se débarrasser. Cette colère que j'avais en lui me rongeait, jour après jour, et elle finirait par m'avaler tout entier, je le sentais, je le savais. - « RIKKE ??? » - J'ouvris les yeux. - « J'arrive. » - finis-je par lâcher. Je me redressai et marchai jusqu'à la porte, saisissant la poignée, la serrant de haine. Je soupirai. Laissant mon père et tout ce qui me pesait dans cette chambre. Je me dirigeai vers la cuisine, prenant Annelise par les hanches, esquissant un sourire et l'embrassant dans le cou. - « T'es perdue sans moi ? » - Elle me repoussa, secouant le tête en laissant échapper un rire - « Non, je me demandais juste si tu pouvais aller descendre les poubelles et vérifier que c'est bien fermé en bas ? » - Elle saisit ma main - « On aura qu'à passer la soirée devant la télévision après. » - « Aye aye captain'. » - Je saisis ma batte de Baseball et me dirigeai vers la porte d'entrée. - « Rikke, c'est vraiment nécessaire.. » - « Ouaip, je vais faire un tour, je serais revenu dans une demie heure maxi, t'en fais pas sœurette. » - « Ok.. oublies pas les poubelles. » - La batte glissée dans un sac à dos, je descendis à toute allure les escaliers, jetant les poubelles sur le trottoirs. Je m'éloignai, doucement, m'allumant une cigarette pour me détendre un peu. J'avais besoin d'air, non pas loin de ma sœur mais de la colère qu'avait provoqué ces pensées sur mon patriarche. Annelise ne me connaissait que trop bien, et je n'étais pas d'humeur à en parler, je préférais me vider la tête avant. J'arpentai les rues, me défoulant les jambes. J'aurais dû prendre mon skate, pensais-je. Je m'arrêtai devant une de ces supérettes qu'on avait dans le quartier, toujours ouvertes, les délinquants ont bien besoin de se nourrir, pas vrai ? J'achetai un paquet de gummy bears et repartis. Il ne m'était pas encore venu à l'esprit de retourner sur mes pas. Je poursuivi mon chemin, mâchant un bonbon de temps à autre. Un chat m'observait, assis sur le rebord d'une fenêtre, et se mit à miauler en me voyant. J'agitai mon paquet de friandises - « C'est ça que tu veux ? Dommage, t'en auras pas. » - Il me répondit d'un énième miaulement alors que je dégustais un ours en le narguant. - « Eh Boesen, rentres chez toi, tu veux ? » - me lança Tobias, le gamin qui habitait là. Je laissa échapper un large sourire, un peu moqueur, et rebroussai chemin. Yeah, whatever.